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Dette technique : le rôle du refactoring dans la durabilité des plateformes numériques

  • Mohamed Kharrat
    Mohamed Kharrat
    Founder
Dette technique : le rôle du refactoring dans la durabilité des plateformes numériques

Dans un contexte où les PME québécoises subissent une pression constante pour livrer rapidement (que ce soit un MVP, une nouvelle fonctionnalité ou un correctif d’urgence) la dette technique devient un enjeu majeur. Chaque raccourci, chaque “fixe rapide” repoussé à plus tard, chaque choix technique fait sous pression crée un décalage grandissant entre ce qui a été livré et ce qui aurait dû être construit pour durer.

Selon Gartner40 % du budget TI des organisations est aujourd’hui consacré à gérer la dette technique plutôt qu’à innover. Pour les dirigeants de PME, cette réalité se traduit par un ralentissement, des coûts imprévus, et une difficulté à faire évoluer leur plateforme au moment où le marché l’exige le plus.

Chez Tekru, nous observons cette problématique quotidiennement : des projets livrés rapidement pour répondre à un besoin immédiat, puis réajustés plusieurs fois lorsque le métier évolue, lorsque l’architecture initiale ne suffit plus ou lorsque les premiers choix ne sont plus optimaux. Cela ne signifie en aucun cas que l’équipe a mal travaillé. Comme le dit Kent Beck :

“Les besoins changent plus vite que le code. Adapter l’architecture est une nécessité, pas une admission d’erreur.”

Cet article a un objectif clair : expliquer, éduquer et fournir des pistes concrètes pour maîtriser la dette technique plutôt que la subir.

Comprendre la dette technique

La dette technique apparaît lorsqu’une équipe prend une décision permettant de livrer plus vite au prix d’un compromis technique. C’est souvent nécessaire et même stratégique, surtout pour tester un marché ou valider une fonctionnalité. Le problème survient lorsque ces décisions deviennent permanentes.

Ward Cunningham, l’inventeur du concept, le résume bien :

“La dette technique, c’est comme une dette financière : si vous ne la remboursez pas, elle accumule des intérêts.”

La réalité des PME québécoises amplifie cette situation : deadlines serrées, ressources limitées, besoin d’itérer rapidement. Les “fixes rapides” se multiplient. Le code devient plus complexe. Les ajustements métier s’accumulent. Et une architecture pensée pour 6 mois doit soudain supporter 5 ans d’évolution.

Cette dette n’est pas un signe d’incompétence. Elle reflète la nature vivante d’un projet numérique : les besoins évoluent, les flux métier se précisent, et certaines décisions techniques doivent être révisées.

Les conséquences invisibles mais coûteuses

La dette technique est souvent invisible dans les premiers mois. Puis les symptômes apparaissent graduellement :

  • Baisse de performance
  • Bugs récurrents
  • Délais de développement qui explosent
  • Difficulté à intégrer de nouvelles fonctionnalités
  • Risques de sécurité accrus

IBM rapporte que 80 % des failles de sécurité majeures voient leur origine dans des technologies obsolètes ou mal entretenues.

Un autre chiffre marquant : d’après Stripe, les développeurs passent 42 % de leur temps à gérer du code complexe ou vieillissant au lieu de créer de nouvelles fonctionnalités.

Cas Tekru : Portail Nominis

Le projet Nominis, développé sur une période de plus de cinq ans, illustre parfaitement cette dynamique. Les besoins métier ont profondément évolué, les cas d’usage se sont enrichis, et les contraintes techniques initiales ne pouvaient plus supporter le volume de données ni la rapidité attendue par les utilisateurs. Tekru a dû revoir plusieurs modules et adapter l’architecture pour maintenir une performance optimale et offrir une recherche foncière 60x plus rapide que les solutions traditionnelles.

Pourquoi les projets long-terme accumulent davantage de dette

Un projet numérique de longue durée n’évolue pas dans une ligne droite. Après quelques mois :

  • les briefs changent,
  • les utilisateurs découvrent de nouveaux besoins,
  • des opportunités d’affaires émergent,
  • des choix technologiques deviennent dépassés,
  • le métier gagne en maturité,
  • la plateforme doit supporter des volumes non prévus.

Une architecture optimale au lancement peut devenir insuffisante deux ans plus tard. L’IEEE estime que dans les projets de plus de trois ans, 60 % des architectures initiales doivent être révisées.

Comprendre cela est crucial : la dette technique est une conséquence naturelle de la croissance d’un produit, pas de l’incompétence d’une équipe.

Évaluer la dette technique dans son système

Pour reprendre le contrôle, trois axes sont essentiels :

1. Audit technique

Analyse du code, des performances, des modules critiques, des dépendances et de la documentation.

2. Audit métier

Comparer les flux actuels avec les besoins réels. Les projets en croissance créent souvent des usages non prévus dans l’architecture d’origine.

3. Priorisation

Évaluer la dette selon son impact business, sa gravité technique et son coût.

Selon McKinsey, les organisations qui structurent la gestion de leur dette technique améliorent jusqu’à 50 % leur vitesse de livraison.

Maîtriser la dette technique grâce au refactoring

Le refactoring consiste à restructurer le code ou l’architecture sans changer les fonctionnalités. Ce processus est indispensable, surtout sur les projets qui durent.

Michael Feathers le dit clairement :

“Le refactoring, ce n’est pas corriger des erreurs. C’est préparer le logiciel pour son futur.”

Le refactoring permet :

  • de corriger des choix techniques initiaux devenus obsolètes,
  • de restructurer des modules pour supporter de nouveaux flux,
  • d’améliorer la performance,
  • de réduire les bugs,
  • d’assurer la scalabilité,
  • de réduire les coûts futurs.

Cas Tekru : évolution continue de Nominis

Au fil des années, Tekru a réarchitecturé plusieurs parties du système Nominis pour suivre l’évolution des besoins. Les ajustements effectués ont permis :

  • une navigation plus rapide,
  • une recherche foncière drastiquement plus performante,
  • un traitement de données plus efficace,
  • une capacité de montée en charge nettement supérieure.

Sans refactoring, la plateforme aurait fini par atteindre un point de rupture.

Quand envisager une modernisation complète ?

Certaines PME atteignent un niveau de dette qui ralentit toute évolution. Les signaux d’alerte :

  • performances en baisse,
  • temps de développement anormalement long,
  • bugs récurrents,
  • dépendances non maintenues,
  • coûts d’évolution supérieurs au coût d’une refonte.

Tekru accompagne régulièrement les entreprises dans des refontes partielles ou complètes, en s’appuyant sur des architectures modernes et évolutives. Nos interventions couvrent des stacks complexes intégrant Next.js, React, GraphQL, Node.js, ainsi que des moteurs de recherche haute performance comme Elasticsearch, des bases orientées graphes comme Neo4j, et des écosystèmes API robustes. Nous concevons des infrastructures pensées pour l’évolutivité, la performance et la résilience, permettant aux organisations d’adapter leurs plateformes au rythme des besoins métier en constante évolution.

L’exemple le plus récent : le projet PBR Rating, où une architecture Next.js + WordPress Headless a permis d’obtenir un site plus rapide, plus sécurisé et très flexible pour les années à venir.

Conclusion: maîtriser la dette technique pour des plateformes qui durent

La dette technique fait partie intégrante de tout projet numérique, surtout dans un contexte où la livraison rapide est devenue la norme. L’enjeu n’est pas de l’éviter, mais de la comprendre, la mesurer et la maîtriser.

Les PME québécoises ont tout à gagner en intégrant des cycles réguliers de refactoring et en évaluant leur dette avant que les coûts ne deviennent trop élevés.

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